samedi 3 mars 2012

lu par Olivier : La colo de Kneller babel 1074 de Etgar Keret

La colo de Kneller babel 1074

La colo de Kneller babel 1074 de Etgar Keret 88 pages

  • Editeur : Actes Sud (7 septembre 2011)-Collection : Babel

  • La colo de Kneller c'est cet endroit où arrivent tous les suicidés - en majorité des jeunes. Certains ont mis fin à leurs jours pendant leur service militaire, d'autres ont succombé à une overdose ou n'ont pas surmonté une déception amoureuse. Hayyim ("vie"), le narrateur, est à la recherche d'Erga ("nostalgie"), dont il était son vivant amoureux.

Ils sont jeunes pour la plupart, ils ont tous mis fin à leurs jours-par désespoir ou par inadvertance, suite à un chagrin d'amour ou à une overdose, chez eux ou pendant leur service militaire- et les voici rassemblés en un lieu néo-dantesque qui ressemble étrangement au monde auquel ils avaient  décidé de tirer pour de bon leur révérence.
Hayim est à la recherche d'Erga, dont il était amoureux de son vivant. Tel Orphée en quête d'Eurydice, il parcourt ces enfers d'un nouveau genre pour retrouver la jeune fille, croisant en chemin toutes sortes de suicidés, jeunes âmes en peine errant en ce purgatoire où elles ne veulent rien purger et dont certaines reviendraient bien volontiers, ayant parfois quitté l'ici-bas sans vocation particulière.
Ce bref et singulier texte où l'humour le dispute à la mélancolie se lit d'une traite, dans la plus grande jubilation, dans la plus profonde inquiétude.

 son avis :
Premier contact avec un auteur israélien qui manie l'humour  et une certaine auto dérisin à travers ce petit livre qui fut un agréable moment de lecture .

Aborder le suicide sous cet angle est culotté et imaginer ainsi qu'après leur suicide, ces jeunes israêliens, majoritairement se retrouver dans un monde où ils doivent mener une vie identique sans finalité, cela peut être plutôt angoissant.. Certaines ou certains profitent de cette seconde vie pour essayer de se reconstruire voir d'inverser les sorts qui était les leurs dans la vie terrestre et qui les ont conduit au suicide.
Ainsi, Hayim, le héros narrateur de ce récit s'est suicidé probablement suite au rejet de celle qu'il aimait, apprend incidemment qu'elle -même l'a suivi quelques temps après dans le suicide et doublé par sesdeux acolytes, Ari et Lihi, se lance à la recherche de son amour, Erga pour tenter de la reconquérir.
Les clins d'oeil ne manquent pas avec Ari, d'une famille de suicidé, il y a ainsi retrouvé ses parents et vit avec eux, Lihi quant à elle s'est suicidée sans le savoir ou le vouloir et cherche un responsable pour le lui expliquer. Les plaies d'Israeêl sont aussi présentes et abordées avec un certin cynisme, notamment ces jeunes qui se sont donnés la mort pour échapper au service militaire  et les combats avec les palestiniens ou cette rencontre avec des jeunes arabes kamikazes auxquels on demande s'ils ont bien eu les vierges prévues par leur sacrifice.
Un quête de chacun donc avec humour et cynisme.

Etgar Keret (en hébreu אתגר קרת), né le 20 août 1967 à Tel-Aviv, est un écrivain, scénariste de bande dessinée et cinéaste israélien. Son œuvre littéraire, principalement composée de nouvelles, est publiée en français aux éditions Actes Sud.
Le film Meduzot réalisé avec son épouse, Shira Geffen, a obtenu la Caméra d'Or au festival de Cannes en 2007. Ils ont un enfant ensemble.
Il a coécrit le scénario du film d'animation Le Sens de la vie pour 9.99$, inspiré de ses nouvelles.

Les ouvrages d'Etgar Keret publiés aux éditions Actes Sud sont traduits de l'hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech.

Bibliographie
rongés / tentation de lire...


  • La Colo de Kneller, récit, Actes Sud, 2001 (adapté au cinéma dans Wristcutters: A Love Story).
  •  Crise d'asthme, nouvelles, Actes Sud, 2002. -  Minimalistes, fantastiques, provocateurs, ces quarante-huit " textes-clips " d'Etgar Keret sont autant de plongées dans un univers littéraire inédit. Ecrits en état d'urgence, le souffle coupé, ils se jouent de la vraisemblance, font exploser les représentations attendues, brouillent les pistes, et leur brièveté redoutable ne les rend que plus aptes à embrasser l'inquiétante absurdité d'un monde à la dérive. L'écrivain israélien le plus insolent et le plus salutaire de sa génération a inventé en littérature une écriture fort singulière : celle de la violence instantanée, quotidienne qu'accompagne toujours son antidote - une poignée de valeurs sans lesquelles notre planète finira par tourner sans nous.
  •  Un homme sans tête et autres nouvelles, nouvelles, Actes Sud, 2005 -  Tout enfant, dès lors qu’il devient adulte, est-il condamné à se transformer en “un homme sans tête”, à l’instar des personnages qui peuplent ce recueil et habitent un monde où dire “je” est apparemment de plus en plus difficile, voire impossible ? Jeunes hommes et jeunes femmes semblent en tout cas saisis d’un étrange vertige quand ils se découvrent voués à prendre leur place parmi les vivants sur l’inconstante scène du monde…Fidèle à son esthétique minimaliste et percutante, Etgar Keret fait surgir les multiples visages que revêt l’angoisse existentielle chez des individus en quête de leur langage et de leur jugement qui ne découvrent, de l’autre côté du miroir, que la menace d’une absurdité aussi effrayante qu’essentielle.  
  • Fou de cirque, littérature de jeunesse (illustrations de Rutu Modan), Albin Michel, 2005.
  •  Pipelines, nouvelles, Actes Sud, 2008. Paru en 1992, Pipelines, d’Etgar Keret, signait l’entrée fracassante, sur la scène littéraire israélienne, d’un écrivain qui s’imposait d’emblée comme un inventeur de formes capables de traduire, à l’intention de générations nouvelles, un monde à tous égards entré en mutation et qu’ébranlaient, en Israël comme ailleurs, de violentes et multiples convulsions. Si les textes qui composent Pipelines portent l’empreinte d’un surréalisme métaphysique qui rappelle Kafka ou Gombrowicz, et si y transparaissent les liens que Keret entretient avec la culture de l’Europe centrale, la vigueur et la maîtrise qui les caractérisent en font des créations puissamment originales. Composées comme en apnée, ces vignettes avec personnages, traçant des lignes de fuite aussi déviantes qu’insolites, sont en effet autant de fragments prélevés sur le réel dans un geste créateur d’une audace formelle qui métamorphose sur-le-champ le monde en objet d’inattendue méditation. En usant de vertigineux changements de focale, l’écriture d’Etgar Keret opère à chaque instant un déplacement nécessaire, jubilatoire et libérateur, où se dévoile le scandaleux visage d’une sagesse aussi inédite qu’authentique. Romancier, réalisateur, auteur de bandes dessinées, Etgar Keret, né à Tel-Aviv en 1967, après avoir été, en Israël, l’un des auteurs les plus populaires de sa génération, jouit désormais d’une réputation internationale. Toute l’oeuvre de Keret en France est publiée par Actes Sud.
  •  Au pays des mensonges, nouvelles, Actes Sud, 2011 -  Raconte-moi une histoire ou je te tue. Raconte-moi une histoire ou je meurs. Ainsi commence le nouveau recueil d’Etgar Keret : sous la menace de notre soif vitale d’histoires pour tenir le coup dans notre drôle de monde, où l’envers et l’endroit se rejoignent sans cesse pour le pire et le meilleur, comme dans un anneau de Möbius. Au fond d’un trou où vivent les personnages de nos mensonges ; dans un quartier de riches où un soleil digital brille toute l’année ; chez Serguei dont l’ami le plus précieux est un poisson d’or dont il refuse de gaspiller les pouvoirs magiques ; dans un restaurant sur le point de faire faillite où débarque une horde de Russes équipés de leur pique-nique ; chez une jeune femme qui, deux ans après un mariage blanc, doit identifier le cadavre d’un mari qu’elle a à peine connu ; dans une histoire que le lecteur peut poursuivre ou quitter à sa guise en attendant le livre qui pourrait se transformer en “animal à la fourrure agréable au toucher” ; dans une poche de pantalon qui contient tout ce qu’il faut pour ne pas louper le coche en cas de bonheur. Ainsi de suite, pendant trente-neuf nouvelles, comme autant d’exercices salutaires pour apprendre à lire autrement la vie, la solitude, la mort, la violence et le CAC 40.
    Etgar Keret a grandi et son art si singulier de la nouvelle aussi. Toujours plus audacieux, mais plus métaphysique encore, plus proche du coeur violent et solitaire de son lecteur, son frère. Impressionnant de maturité.

source principale : wikipédia

 Merci Olivier de me faire découvrir cet auteur...
 et comme de juste, une tentation supplémentaire...

mercredi 15 février 2012

revue de presse : l'humour juif

revue de presse


Jerome Charyn, Philip Roth et Romain Gary. (AFP) Les visages de l'humour juif 


Qu'il s'exprime en yiddish, en anglais, en allemand ou en français, le rire est l'arme des écrivains pour raconter le monde et s'en moquer.


L'humour juif, qu'est-ce que c'est? Chacun a bien sa petite idée, ses références toutes prêtes à l'emploi. La plupart du temps, elles sont visuelles et sonores. Elles relèvent de l'éclat de rire. C'est Woody Allen dans Meurtre mystérieux à Manhattan qui déclare: «Quand j'écoute trop de Wagner, j'ai envie d'envahir la Pologne.» Ce sont les frères Coen qui font inscrire au générique de fin de A Serious Man, cette mention: «Aucun juif n'a été blessé pendant le tournage de ce film.» Ce sont aussi des palanquées d'histoires sur les mères, Dieu, l'argent, qui se veulent drôles, qui souvent le sont et parfois frisent la correctionnelle. Tout le monde n'a pas la finesse d'esprit d'un Tristan Bernard sur le point d'être déporté à Drancy. À la personne qui lui demandait: «De quoi avez-vous besoin M. Tristan Bernard?», il répondit: «D'un cache-nez.»

Définir l'humour juif? Mission impossible si l'on en croit le Prix Nobel de littérature américain Saul Bellow: «L'humour juif est mystérieux et échappe à nos efforts - à mon avis, même aux efforts de Freud - de l'analyser.» Alain Oppenheim, auteur d'une belle anthologie chez Omnibus tente pourtant quelques pistes: «Ce serait une erreur de limiter l'humour juif à son aspect “défensif”: outil de lutte contre l'injustice, dérivatif à la dureté du temps surtout dans un monde hostile, exutoire contre la fatalité. Bref, d'en faire “la langue des désarmés” et, pire, ”la politesse du désespoir”.» À ses yeux, l'humour juif «se veut libérateur et révélateur, témoignage d'optimisme et de joie de vivre, et, dans le même temps, il entend déranger et faire “rire jaune”». Un point de vue qui trouve écho chez Franck Médioni. Dans son volume Le Goût de l'humour juif, il parle de «rire parfois amer et vengeur mais libérateur» avant d'ajouter: «C'est un mouvement de l'esprit, une source de vie face à l'oppression, les vicissitudes que l'histoire - avec une grande hache comme dit Georges Perec - a fait subir au peuple juif.»
Dans ce voyage au pays de l'humour juif littéraire, depuis son apparition à la fin du XIXe siècle en Europe centrale et de l'Est jusqu'à aujourd'hui, la Shoah fait figure de borne. Il y a un avant et un après Holocauste. Avant, il y a l'humanité, grouillante, truculente, la drôlerie et la cruauté des histoires du yiddishland, ce territoire qui connut les pogroms et vit éclore les talents des grands conteurs que furent Sholem Aleikhem, Moykher-Sforim, Isaac Bashevis Singer.

Un style décalé et satirique

Après, n'écoutant pas Adorno qui a dit un jour «qu'écrire un poème après Auschwitz est barbare», plusieurs écrivains ont choisi l'humour noir, la farce, le grotesque pour dire l'horreur. Le Hongrois Imre Kertész, survivant d'Auschwitz, Prix Nobel 2002, écrit à la fin d'Être sans destin: «Puisque là-bas aussi, parmi les cheminées, dans les intervalles de la souffrance, il y avait quelque chose qui ressemblait au bonheur.» En 1967, Romain Gary dans La Danse de Gengis Cohn met en scène le tandem hilarant que forment un ex-tortionnaire nazi et sa victime juive devenue son dibbuk, mauvais génie lui pourrissant la vie. Edgar Hilsenrath (lire ci-dessous), en 1972, imagine dans Le Nazi et le Barbier, les tribulations d'un SS qui, pour sauver sa peau, se fait passer pour un survivant juif et pousse l'empathie jusqu'à s'installer en Palestine. Plus près de nous, en 2006, Jonathan Littell achèvera Les Bienveillantes, prix Goncourt, par une scène grotesque dans laquelle son nazi tord le nez de Hitler qui lui tendait la main pour le décorer dans son bunker.

Alain Oppenheim souligne bien à quel point cette forme d'humour décalée, satirique, parodique, a pu susciter la controverse voire la colère dans les milieux juifs.

 Et de citer les cas d'Irène Némirovsky avec David Golder, du Néerlandais Arnon Grunberg avec Le Messie juif, du Canadien Mordecai Richler avec L'Apprentissage de Duddy Kravitz ou du cultissime Philip Roth avec Portnoy et son complexe. Qui dit Roth dit New York, haut lieu de l'humour juif littéraire sous toutes ses formes. Voici Jerome Charyn, chroniqueur prolifique et attendri du Bronx. Voici Michael Chabon et les créateurs de superhéros, comme Batman, qui firent enrager Goebbels. Voici Shalom Auslander, dont le rire tutoie le blasphème dans La Lamentation du prépuce et touche au cœur dans la nouvelle intitulée Kit de préparation à l'Holocauste pour ados (dans le recueil Attention Dieu méchant)
Voici le Russe juif installé à New York Gary Shteyngart, hautement drolatique et provocateur. «Je me présente, Micha Borissovitch Vainberg, trente ans, forte surcharge pondérale, petits yeux bleus enfoncés, ravissant profil juif évocateur des plus remarquables spécimens de perroquets, et lèvres si délicates qu'on aurait tendance à les torcher du revers de la main», écrit-il au début d'Absurdistan. À propos de russe: le plus bel hommage à la lecture d'un texte juif n'est-il pas celui de Gorki, écrivant à Sholem Aleikhem
: «En vous lisant, j'ai ri et j'ai pleuré»?

«L'humour juif - anthologie littéraire». Édition conçue et présentée par Alain Oppenheim, Omnibus, 1  058 p., 29 €.

«La vie éternelle», de Sholem Aleikhem,textes choisis et traduits du yiddish par Arthur Langerman et Ariel Sion, Metropolis, 304 p., 24 €.

«Le Goût de l'humour juif». Textes choisis et présentés par Franck Médioni, Mercure de France, coll. «Le Petit Mercure», 146 p., 6,90 €.

lundi 13 février 2012

France . Caroline Boidé - Les Impurs

 
carolineboide_thumbCaroline Boidé est une jeune femme de trente ans, née d'une mère juive d'Algérie et d'un père originaire de France. Les Impurs est son deuxième roman.

Bibliographie
rongés / tentation de lire...

Les Impurs - 160  pages


Alger, fin des années cinquante. Malek, jeune musulmane, n’a d’autre religion que celle des livres. David est un ébéniste juif de Batna. Ensemble ils vont vivre un amour fou alors que s’installe la guerre civile. Si Malek est décidée à vivre sa passion jusqu’au bout, David, lui, reste plus perméable au nouvel ordre du monde.
 Loin des images sépia de l’Algérie de l’époque, Les Impurs lève le voile sur ce bastion de paix millénaire entre juifs et arabes, fait de jours communs et bariolés, éclaire à sa manière notre présent et ce que l’on nomme à tort l’entente impossible.
 Dans ce roman d’une grande sensualité, Caroline Boidé nous montre combien par-delà la disparition et la guerre suffocante, écrire ouvre une espérance inouïe d’entendre les voix qui se sont tues et de voir enfin sans limites. 

citation, page 30 : « Chaque jour, à l’atelier, j’attendais Malek. Elle me rejoignait vers dix-sept heures, une fois sortie de la bibliothèque. Un peu avant, je laissais le meuble en cours et rêvais, couché sur le dos dans un tas de copeaux, à écouter le silence, le sang battre dans mes veines en espérant qu’elle frappe.
Les Juifs et les Arabes se fréquentaient beaucoup à cette époque. Ils partageaient leurs appartements, leurs fêtes, leurs tables, leurs vies en somme, au risque d’être intrusifs parfois, alors Malek ne se cachait pas pour venir me retrouver. Si elle avait voulu tenir nos rencontres absolument secrètes, elle ne l’aurait pas pu car la vie se déroulait dehors en Algérie, dans les rues, sur les perrons, devant les vitrines des magasins, où il y avait toujours des rassemblements de familles et de vieillards, à causer au creux des portes. C’était le cas devant les fenêtres de mon atelier comme partout ailleurs. »

  David et Malek aurait pu vivre heureux, à une autre époque, ailleurs... et surtout si leur religion ne les séparaient pas de façon définitive.

Elle est musulmane lui juif dans l'Alger des années 50 au début de la décolonisation. Par son journal, David nous raconte son amour, entrecoupé de petites phrases, et d'évènements de la vie quotidienne, les attentats, les morts, l'intolérance...


Un roman intéressant, mais que le héros semble désagréable, vraie chiffe molle sous l'autorité de son rabbin et de sa mère. Il abandonne son amour parce qu'impur, puis lorsque Malek meurt, son amour redouble, au point de n'avoir aucune considération pour Lea, son épouse choisit par sa mère. Seule sa fille aura grâce a ses yeux, et encore... 


Bref, intéressant mais je n'ai pas aimé.



En attendant mon avis, d'autres en parlent...


http://chroniquesdelarentreelitteraire.com/2012/01/romans-francais/les-impurs-de-caroline-boide

http://www.encres-vagabondes.com/magazine/boide.htm

http://lasciereveuse.hautetfort.com/archive/2012/02/02/caroline-boide.html

http://memoirememoires.wordpress.com/2012/01/17/les-impurs-de-caroline-boide/