La colo de Kneller babel 1074 de Etgar Keret - 88 pages
- Editeur : Actes Sud (7 septembre 2011)-Collection : Babel
- La colo de Kneller c'est cet endroit où arrivent tous les suicidés - en majorité des jeunes. Certains ont mis fin à leurs jours pendant leur service militaire, d'autres ont succombé à une overdose ou n'ont pas surmonté une déception amoureuse. Hayyim ("vie"), le narrateur, est à la recherche d'Erga ("nostalgie"), dont il était son vivant amoureux.
Ils sont jeunes pour la plupart, ils ont tous mis fin à leurs jours-par désespoir ou par inadvertance, suite à un chagrin d'amour ou à une overdose, chez eux ou pendant leur service militaire- et les voici rassemblés en un lieu néo-dantesque qui ressemble étrangement au monde auquel ils avaient décidé de tirer pour de bon leur révérence.
Hayim est à la recherche d'Erga, dont il était amoureux de son vivant. Tel Orphée en quête d'Eurydice, il parcourt ces enfers d'un nouveau genre pour retrouver la jeune fille, croisant en chemin toutes sortes de suicidés, jeunes âmes en peine errant en ce purgatoire où elles ne veulent rien purger et dont certaines reviendraient bien volontiers, ayant parfois quitté l'ici-bas sans vocation particulière.
Ce bref et singulier texte où l'humour le dispute à la mélancolie se lit d'une traite, dans la plus grande jubilation, dans la plus profonde inquiétude.
son avis :
Premier contact avec un auteur israélien qui manie l'humour et une certaine auto dérisin à travers ce petit livre qui fut un agréable moment de lecture .
Aborder le suicide sous cet angle est culotté et imaginer ainsi qu'après leur suicide, ces jeunes israêliens, majoritairement se retrouver dans un monde où ils doivent mener une vie identique sans finalité, cela peut être plutôt angoissant.. Certaines ou certains profitent de cette seconde vie pour essayer de se reconstruire voir d'inverser les sorts qui était les leurs dans la vie terrestre et qui les ont conduit au suicide.
Ainsi, Hayim, le héros narrateur de ce récit s'est suicidé probablement suite au rejet de celle qu'il aimait, apprend incidemment qu'elle -même l'a suivi quelques temps après dans le suicide et doublé par sesdeux acolytes, Ari et Lihi, se lance à la recherche de son amour, Erga pour tenter de la reconquérir.
Les clins d'oeil ne manquent pas avec Ari, d'une famille de suicidé, il y a ainsi retrouvé ses parents et vit avec eux, Lihi quant à elle s'est suicidée sans le savoir ou le vouloir et cherche un responsable pour le lui expliquer. Les plaies d'Israeêl sont aussi présentes et abordées avec un certin cynisme, notamment ces jeunes qui se sont donnés la mort pour échapper au service militaire et les combats avec les palestiniens ou cette rencontre avec des jeunes arabes kamikazes auxquels on demande s'ils ont bien eu les vierges prévues par leur sacrifice.
Un quête de chacun donc avec humour et cynisme.
Un livre plaisant. - http://passiondelecteur.over-blog.com/article-la-colo-de-kneller-d-edgar-keret-challenge-destination-israel-98071511.html
Etgar Keret (en hébreu אתגר קרת), né le 20 août 1967 à Tel-Aviv, est un écrivain, scénariste de bande dessinée et cinéaste israélien. Son œuvre littéraire, principalement composée de nouvelles, est publiée en français aux éditions Actes Sud.
Le film Meduzot réalisé avec son épouse, Shira Geffen, a obtenu la Caméra d'Or au festival de Cannes en 2007. Ils ont un enfant ensemble.
Il a coécrit le scénario du film d'animation Le Sens de la vie pour 9.99$, inspiré de ses nouvelles.
Les ouvrages d'Etgar Keret publiés aux éditions Actes Sud sont traduits de l'hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech.
Bibliographie
rongés / tentation de lire...
- La Colo de Kneller, récit, Actes Sud, 2001 (adapté au cinéma dans Wristcutters: A Love Story).
- Crise d'asthme, nouvelles, Actes Sud, 2002. - Minimalistes, fantastiques, provocateurs, ces quarante-huit " textes-clips " d'Etgar Keret sont autant de plongées dans un univers littéraire inédit. Ecrits en état d'urgence, le souffle coupé, ils se jouent de la vraisemblance, font exploser les représentations attendues, brouillent les pistes, et leur brièveté redoutable ne les rend que plus aptes à embrasser l'inquiétante absurdité d'un monde à la dérive. L'écrivain israélien le plus insolent et le plus salutaire de sa génération a inventé en littérature une écriture fort singulière : celle de la violence instantanée, quotidienne qu'accompagne toujours son antidote - une poignée de valeurs sans lesquelles notre planète finira par tourner sans nous.
- Un homme sans tête et autres nouvelles, nouvelles, Actes Sud, 2005 - Tout enfant, dès lors qu’il devient adulte, est-il condamné à se transformer en “un homme sans tête”, à l’instar des personnages qui peuplent ce recueil et habitent un monde où dire “je” est apparemment de plus en plus difficile, voire impossible ? Jeunes hommes et jeunes femmes semblent en tout cas saisis d’un étrange vertige quand ils se découvrent voués à prendre leur place parmi les vivants sur l’inconstante scène du monde…Fidèle à son esthétique minimaliste et percutante, Etgar Keret fait surgir les multiples visages que revêt l’angoisse existentielle chez des individus en quête de leur langage et de leur jugement qui ne découvrent, de l’autre côté du miroir, que la menace d’une absurdité aussi effrayante qu’essentielle.
- Fou de cirque, littérature de jeunesse (illustrations de Rutu Modan), Albin Michel, 2005.
- Pipelines, nouvelles, Actes Sud, 2008. - Paru en 1992, Pipelines, d’Etgar Keret, signait l’entrée fracassante, sur la scène littéraire israélienne, d’un écrivain qui s’imposait d’emblée comme un inventeur de formes capables de traduire, à l’intention de générations nouvelles, un monde à tous égards entré en mutation et qu’ébranlaient, en Israël comme ailleurs, de violentes et multiples convulsions. Si les textes qui composent Pipelines portent l’empreinte d’un surréalisme métaphysique qui rappelle Kafka ou Gombrowicz, et si y transparaissent les liens que Keret entretient avec la culture de l’Europe centrale, la vigueur et la maîtrise qui les caractérisent en font des créations puissamment originales. Composées comme en apnée, ces vignettes avec personnages, traçant des lignes de fuite aussi déviantes qu’insolites, sont en effet autant de fragments prélevés sur le réel dans un geste créateur d’une audace formelle qui métamorphose sur-le-champ le monde en objet d’inattendue méditation. En usant de vertigineux changements de focale, l’écriture d’Etgar Keret opère à chaque instant un déplacement nécessaire, jubilatoire et libérateur, où se dévoile le scandaleux visage d’une sagesse aussi inédite qu’authentique. Romancier, réalisateur, auteur de bandes dessinées, Etgar Keret, né à Tel-Aviv en 1967, après avoir été, en Israël, l’un des auteurs les plus populaires de sa génération, jouit désormais d’une réputation internationale. Toute l’oeuvre de Keret en France est publiée par Actes Sud.
- Au pays des mensonges, nouvelles, Actes Sud, 2011 -
Raconte-moi une histoire ou je te tue. Raconte-moi une histoire ou je meurs. Ainsi commence le nouveau recueil d’Etgar Keret : sous la menace de notre soif vitale d’histoires pour tenir le coup dans notre drôle de monde, où l’envers et l’endroit se rejoignent sans cesse pour le pire et le meilleur, comme dans un anneau de Möbius. Au fond d’un trou où vivent les personnages de nos mensonges ; dans un quartier de riches où un soleil digital brille toute l’année ; chez Serguei dont l’ami le plus précieux est un poisson d’or dont il refuse de gaspiller les pouvoirs magiques ; dans un restaurant sur le point de faire faillite où débarque une horde de Russes équipés de leur pique-nique ; chez une jeune femme qui, deux ans après un mariage blanc, doit identifier le cadavre d’un mari qu’elle a à peine connu ; dans une histoire que le lecteur peut poursuivre ou quitter à sa guise en attendant le livre qui pourrait se transformer en “animal à la fourrure agréable au toucher” ; dans une poche de pantalon qui contient tout ce qu’il faut pour ne pas louper le coche en cas de bonheur. Ainsi de suite, pendant trente-neuf nouvelles, comme autant d’exercices salutaires pour apprendre à lire autrement la vie, la solitude, la mort, la violence et le CAC 40.
Etgar Keret a grandi et son art si singulier de la nouvelle aussi. Toujours plus audacieux, mais plus métaphysique encore, plus proche du coeur violent et solitaire de son lecteur, son frère. Impressionnant de maturité.
source principale : wikipédia
Merci Olivier de me faire découvrir cet auteur...
et comme de juste, une tentation supplémentaire...